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Communiqué

La Ville de Montréal devra débourser un montant «faramineux» pour pouvoir occuper le futur centre communautaire du quartier Peter-McGill, déplorent des organismes, qui craignent que cela ait des répercussions sur les services communautaires offerts dans le secteur.

Au début du mois, la Ville a dévoilé le nouveau nom et la firme d’architecture qui sera derrière ce futur centre communautaire. Ce bâtiment, dont la construction devrait coûter plus de 13 M$ à la Ville, sera baptisé «Sanaaq», en référence au titre d’un roman inuit écrit dans les années 1950.

Une entente salée

D’ici 2024, la Ville aménagera ce centre communautaire sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants, près de la station de métro Atwater. Ce terrain appartenant notamment au promoteur Devimco, la Ville a conclu une entente avec celui-ci le 4 octobre 2018. Ainsi, pour occuper ce futur centre pendant 40 ans, la Ville a accepté de débourser 68,6 M$, en incluant les taxes, a appris Métro. Cela équivaut à plus de 1,7 M$ par année.

«C’est faramineux pour un loyer», lance Jenna Smith. Cette dernière est la directrice d’Innovation Jeunes, un organisme qui offre des services communautaires aux familles et aux jeunes du quartier Peter-McGill.

«Ce sera beaucoup plus onéreux que n’importe quel centre communautaire à Montréal», affirme d’ailleurs à Métro la chargée de projet en urbanisme participatif à la Table de quartier Peter-McGill, Maryse Chapdelaine.

Ces deux organismes appréhendent ainsi qu’en devant payer un loyer aussi élevé, la Ville manque de ressources pour répondre aux nombreux besoins dans ce quartier de Ville-Marie. On y retrouve notamment un nombre élevé de locataires à faible revenu, ce qui crée d’importants besoins en matière de sécurité alimentaire.

«La crainte de la communauté, c’est que ce loyer coûtera tellement cher qu’on manquera ensuite de ressources pour répondre aux réels besoins des familles et des personnes en situation de pauvreté.» -Jenna Smith, directrice d’Innovation Jeunes

Consultation

Cette entente conclue par la Ville pour opérer ce futur centre communautaire fait aussi sourciller la cofondatrice de Résilience Montréal, Nakuset. L’organisme, qui opère un centre de jour près du square Cabot, a reçu un peu plus tôt ce mois-ci 700 000$ de la part de Québec et de la Ville pour l’aider à se trouver un nouveau local permanent.

«[La Ville] était supposée faire des consultations avec les organismes, mais dans les faits, elle n’a jamais consulté les organismes du square Cabot», déplore Nakuset, au sujet du futur centre «Sanaaq».

Nakuset craint particulièrement que lorsque ce bâtiment verra le jour, les personnes en situation d’itinérance du secteur n’y aient pas accès.

«L’idée globale, c’est la question de l’inclusion. C’est de s’assurer que les personnes itinérantes puissent bénéficier de ces services», estime-t-elle.

Des organismes du secteur indiquent toutefois à Métro qu’une rencontre aura lieu dans les prochains mois avec la Ville au sujet de ce futur centre communautaire. Ils espèrent que leurs préoccupations seront alors entendues.

Délai de livraison

L’édifice de deux étages totalisera environ 5300 m². Il comprendra notamment une bibliothèque publique, des salles consacrées à l’initiation aux technologies numériques, de même qu’un café et un laboratoire culinaire.

«Il a toujours été prévu que cette nouvelle installation offre des espaces sociaux pour la communauté et des organismes parmi la pluralité de ses services, à l’image de la diversité de la communauté qu’elle desservira», assure la Ville, dans un courriel à Métro.

La Ville évalue par ailleurs la possibilité d’imposer au promoteur des pénalités reliées au délai de livraison de ce centre. En 2018, la Ville prévoyait que celui-ci verrait le jour en 2022. Un document de la Ville datant de mai dernier anticipe plutôt une «réception définitive» en mars 2024.

«La Ville évalue actuellement les différents leviers contractuels et les négociations sont toujours en cours avec Devimco», indique-t-on par écrit.

Manque de logements sociaux

Une consultation publique aura par ailleurs lieu dans les premiers mois de 2021 en lien avec le projet immobilier prévu sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants.

En vertu d’une entente conclue en juin 2017 entre le promoteur et la Ville, la sixième tour de ce vaste développement devait inclure environ 175 logements sociaux. Or, les discussions ont achoppé dans les dernières années quant à l’inclusion de tels logements sur ce site, où de nombreux condos verront le jour. La Ville a donc menacé en 2019 de réduire les ambitions du promoteur pour la sixième tour prévue sur le site, en faisant passer de 20 à 4 le nombre d’étages que celle-ci pourra contenir.

Cette consultation portera ainsi sur cet éventuel changement de zonage.

«La Ville se retrouve à être locataire à des tarifs exorbitants pour son centre communautaire en plus de ne pas avoir de logement social», résume le coordonnateur du Comité logement Ville-Marie, Éric Michaud, qui rappelle que «les besoins sont énormes» en matière de logements sociaux, dans ce secteur.

«Les résidents du quartier se tapent un développement sauvage et il n’y a aucun avantage social pour eux», soupire-t-il.

En 2016, le gouvernement du Québec a vendu pour 25 M$ le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants à un promoteur, une somme nettement inférieure à la valeur foncière du site. Le projet immobilier du Square Children’s, qui y verra le jour, s’élève à environ 400 M$.

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