Ateliers municipaux : Des cartes postales pour 300 logements sociaux

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« Cela fait vingt ans que le projet est sur la table dans le quartier, il est urgent qu'on le réalise », souligne Dyane Courchesne, présidente de Table de concertation logement / aménagement de La Petite Patrie. Si les premières discussions autour du site ont commencé en 1985, on n'aura sans doute jamais été aussi prêt du but. Les ateliers municipaux déménageront en effet au début de l'année 2005 pour être relocalisés dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, sur d'anciens terrains de la compagnie Air Liquide.

Un grand panneau a pris place sur le site depuis quelques mois pour annoncer la réalisation prochaine de ce projet, qui consiste à changer la vocation du site pour accueillir des logements, des commerces, des bureaux et, éventuellement, des installations communautaires.

« À la suite de notre assemblée publique du 20 octobre, nous avons décidé d'organiser une campagne pour faire signer une carte postale aux gens qui ont besoin d'un logement social », indique Mme Courchesne. Afin de mieux connaître leur profil, les signataires sont invités à préciser à quel type de ménage ils correspondent (famille, personne seule, aîné, etc.) et à formuler des commentaires.

Les notes inscrites à la main au dos des petites cartes trahissent la précarité de nombreuses familles du quartier : « Je paie plus de 80 % de mon revenu pour me loger », écrit une personne. « On vit à 7 dans un 4 œ », témoigne une autre.

L'objectif est de faire signer un millier de cartes. Celles-ci sont distribuées depuis quelques semaines par le biais de la quinzaine d'organismes membre de la table. « L'objectif est de souligner les besoins dans le quartier », précise la présidente. Quelque 900 ménages sont en attente d'un HLM dans La Petite Patrie, où l'on compte seulement 6 % de logement social.

De grandes attentes de la communauté

Dans ce contexte, le projet des ateliers municipaux suscite beaucoup d'attentes. Dans la version préliminaire de son plan d'urbanisme, l'arrondissement prévoit construire 300 logements sur le site. Le milieu souhaite quant à lui que 80 % des unités soient réservées à du logement social. Il fera donc pression sur les élus pour afin d'aménager plutôt 470 appartements, comme le préconisent des projections de la direction de l'habitation de la ville centre.

Outre des logements communautaires de type HLM, OSBL et coopératives, destinés à divers types de ménages, la table souhaite également voir s'établir un centre de la petite enfance sur le site. Le 700 Rosemont, un bâtiment occupé actuellement par divers services municipaux, pourrait être transformé en centre communautaire et accueillir des services commerciaux au rez-de-chaussée (boulangerie, fruiterie, etc.). Le fonds d'habitation et d'aménagement de La Petite Patrie Un toit pour tous a été créé il y a deux ans par la table afin de servir de levier pour acquérir le bâtiment et soutenir des projets issus de la communauté. Le milieu a l'œil depuis le milieu des années 80 sur 12 500 pi2 dans cet édifice, rappelle Mme Courchesne.

Un enjeu majeur

Le développement du site des ateliers municipaux sera donc sans conteste un des enjeux majeurs pour le quartier de La Petite Patrie au cours des prochaines années. Mme Courchesne s'attend à devoir mener d'âpres négociations avec la Ville et l'arrondissement pour obtenir les objectifs que le milieu communautaire s'est fixé. « Il faudra se battre pour obtenir ce qu'on veut », prévoit-elle.

De nombreuses inconnues restent en effet encore à éclaircir, notamment en ce qui concerne les programmes de subvention, tel Accès Logis, qui seront accessibles ainsi que les frais de décontamination. « On ne s'attend pas à voir la première pelletée de terre avant 2007 et le début de la construction avant 2008 », indique la présidente.

Comité de travail élargi

De son côté, l'arrondissement constitue actuellement un comité de travail élargi regroupant des représentants des différents services municipaux concernés et des groupes en logement du quartier. Ce comité sera chargé de déterminer ce qu'il devrait y avoir sur le site, notamment le nombre de logements ainsi que la future vocation du 700 Rosemont, et de faire des recommandations aux élus. Des études sont d'ailleurs en cours sur ce bâtiment afin d'évaluer son état ainsi que sa valeur patrimoniale, indique Robert Dolbec, attaché politique du conseiller François Purcell. « Est-ce qu'on va le garder ou le détruire ? Nous penchons plutôt pour la deuxième solution ».

L'arrondissement se déclare prêt à revoir le nombre de logements à la hausse. « On pourrait aller jusqu'à 450 en augmentant la densité du projet », confirme M. Dolbec. On veut également s'assurer de la présence d'espaces verts, une denrée rare dans le quartier. Des consultations publiques seront par ailleurs organisées par l'arrondissement, même si elles ne sont pas obligatoires, explique M. Dolbec, étant donné que la vocation du site sera déjà changée dans le plan d'urbanisme.

2000 logements sociaux pour 10 ans

En attendant, la mobilisation se poursuit. Des représentants de la table iront rencontrer lundi M. Purcell, pour lui offrir une corde à linge où seront accrochées toutes les cartes postales déjà signées par des résidants du quartier. Les élus fédéraux et provinciaux du district doivent également s'attendre à recevoir bientôt la même visite.

Lors de ses représentations dans le cadre du plan d'urbanisme, la table a réclamé la construction de 2000 unités de logements sociaux dans le quartier au cours des dix prochaines années. « Il y a très peu de terrains publics dans le quartier. Nous voulons donc que l'arrondissement s'engage à les réserver pour des projets de logement social », indique Dyane Courchesne. Parmi les emplacements identifiés, le terrain de la Société de transport de Montréal, sur l'ancien site du CHUM, au coin de Bellechasse et Saint-Denis, ainsi que les terrains de Stationnement Montréal.

Le déménagement des ateliers municipaux a été approuvé en mai 2003 par le comité exécutif de la Ville de Montréal. La relocalisation des activités d'entretien des véhicules municipaux libérera un terrain de 18 500 m2 dans le quadrilatère formée par les rues Saint-Hubert, Saint-Denis, des Carrières et le boulevard Rosemont. Un immeuble à bureaux de 8 étages est également prévu sur le site.

Sur la photo : Diane Courchesne, du Comité logement Petite-Patrie, montre quelques-unes des 300 cartes signées par des résidants du quartier.

Carole le Hirez – 16 décembre 2004