Rappelez-vous la fable. La cigale va crier famine chez la fourmi sa voisine' Geneviève Gagnon ne vous dira pas de danser, mais bien de goûter à ses céréales. Rencontre avec la Fourmi bionique !
Depuis janvier 2004, Geneviève Gagnon est à la tête de sa propre entreprise : La Fourmi bionique. La compagnie propose trois saveurs de céréales biologiques (Le Vitalité, l'Essentiel et l'Aphrodisiaque) et quatre autres sont en peaufinage pour être bientôt mises sur le marché. Mais n'allez surtout pas qualifier les produits de Geneviève Gagnon de « grano » ! Ils sont santé ou gourmands !
« L'idée c'est d'allier goût et santé », affirme la jeune entrepreneur qui avoue avoir le vent dans les voiles depuis le début de son aventure. Elle a en effet remporté le Défi entrepreneurs extrême, le 29 avril dernier, en plus de terminer première dans la catégorie exploitation, production, transformation à l'échelon local et national de la 6e édition du Concours québécois en Entrepreneurship. Prochaine étape, le concours national à Québec le 22 juin.
« Avec de tels concours, c'est comme si on apposait un sceau de qualité sur mes produits. » Les produits de la Fourmi bionique sont déjà distribués dans 20 points de vente au Québec. La compagnie a profité d'une subvention de démarrage de la CDEC Centre-Sud / Plateau Mont-Royal ainsi que d'une bourse de la Fondation du maire de Montréal pour la jeunesse.
La naissance de la fourmi
Après six ans à travailler dans le monde des communications, Geneviève décide qu'elle veut voler de ses propres ailes. Elle n'a pas de formation en entrepreneurship, mais elle a baigné dedans toute sa jeunesse, son père tenant un dépanneur.
Et pourquoi la bouffe santé ? « Le livre de recettes a toujours été mon livre de chevet. » En 2002, elle assiste a une exposition bio à Québec qui lui donne l'idée du produit. Elle met cinq mois à trouver LA recette. « Je voulais faire quelque chose qui se démarquait de ce qu'il y avait sur le marché. » Une amie herboriste lui propose alors d'utiliser des herbes naturelles dans ses mélanges. La Fourmi bionique était née.
Au départ, elle se rend dans une boulangerie du Plateau où elle peut emprunter les fours pour cuire ses céréales. Aujourd'hui, le centre de production est à Côte-des-Neiges, mais l'entreprise grandit trop vite pour les locaux. Geneviève aimerait s'installer sur le Plateau d'ici 2005.
Pourquoi la Fourmi bionique ?
« Quand est venu le temps de trouver un nom à la compagnie, on ne voulait surtout pas quelque chose du genre Le champs de rêve. Je voulais me distancier du côté grano. » Le bionique représente le côté jeune, fou et dynamique de l'entreprise. Puis la fourmi crée une référence culturelle au dessin animé des années 1960, la fourmi atomique. « Pour moi, les céréales, au Québec, c'est rattaché à notre culture. »
« Depuis, on m'appelle la fourmi. » Et elle consent que ce surnom lui colle bien à la peau puisque qu'elle bouge et travaille beaucoup et qu'elle est difficile à arrêter. Elle s'occupe de la production elle n'a encore jamais osé céder les fours à quelqu'un d'autre , de l'emballage, de la distribution et même des dégustations ! Popularité oblige, ils seront bientôt trois employés en production.
Une population conscientisée ?
Geneviève trouve que l'alimentation est un peu dénaturée de nos jours. « On n'a plus la même relation qu'avant avec la bouffe et on est loin du bon régime de vie. » Selon elle, la population est mal informée. « Tout le monde court après les messages d'alerte qui sont lancés. On n'est plus à l'écoute de soi-même. »
« Je ne prône pas un régime végétarien mais seulement une saine alimentation. » Il est vrai, selon elle, qu'il faut mettre le prix pour manger bio. Les céréales de la Fourmi bionique se vendent de 4,65 $ à 4,99 $ pour le format de 200 g et de 5,60 $ à 5,99 $ pour celui de 325 g. « C'est plus cher puisque les produits biologiques sont souvent artisanaux. Mais ils sont aussi non transformés, et ça c'est l'avantage. »
Y a-t-il une crainte du consommateur à essayer alors ces produits ? « Au contraire, il n'y a pas de méfiance puisque c'est naturel. Quand il achète santé, le client apaise sa conscience ; il sent qu'il pose un bon geste. » Toutefois, elle trouve qu'il y a encore beaucoup de place sur les tablettes pour la nourriture santé.
De la place pour ses propres produits puisque la Fourmi bionique veut ajouter à sa gamme des barres et des gaufres gourmandes. Autre objectif pour le futur : s'attaquer aux hôtels, boutiques et restaurants hauts de gamme pour distribuer ses céréales. Du pain ou plutôt des céréales sur la planche pour la fourmi bionique.
Sur la photo : Selon Geneviève Gagnon : « Quand il achète santé, le client apaise sa conscience ; il sent qu'il pose un bon geste. »
Vincent Fortier - 31 mai 2004