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Il y a environ 15 ans, l’intimidation était perçue comme un rite de passage et une expérience de l’enfance « normale » que les jeunes devaient simplement surmonter. Grâce à l’intérêt accru des médias et la sensibilisation à l’intimidation faite par le personnel scolaire, les parents et la société dans son ensemble, cette perception a changé radicalement au cours des dernières années.

L’intimidation n’est plus tolérée. Suggérer de « tenir bon » n’est plus un conseil acceptable. Au Canada, tous les paliers gouvernementaux mettent en oeuvre des programmes de sensibilisation à l’intimidation. De plus en plus d’écoles appliquent des politiques officielles pour faire face aux comportements intimidants. Les jeunes reconnaissent l’injustice associée aux actes d’intimidation et apprennent de nouveaux moyens pour y faire face.

Qu’est-ce que l’intimidation?

La plupart des gens ont une idée de ce qu’est l’intimidation pour l’avoir vécue en tant que victime, intimidateur ou témoin à un moment ou un autre de leur vie. Une publication de recherche récente mise en ligne sur le site de Sécurité publique et Protection civile Canada (SPPCC) définit l’intimidation comme « une forme d’agressivité qui s’exerce dans le contexte d’une relation entre au moins deux personnes ». Le jeune qui commet des actes d’intimidation se sert de l’agressivité et du contrôle pour conserver une position de pouvoir par rapport à sa victime. Avec le temps, le déséquilibre de pouvoir dans la relation et sa dynamique se renforcent. La victime devient ainsi piégée dans une relation de violence. Ce problème peut aussi survenir entre des groupes de jeunes.

Voici les principaux éléments de l’intimidation selon le rapport de SPPCC :

• déséquilibre de pouvoir : une personne a plus de pouvoir que l’autre (du moins, c’est ainsi que les personnes dans la situation d’intimidation le perçoivent);
• actes blessants : des actes blessants physiques ou psychologiques sont commis;
• actes directs et indirects : les actes sont commis devant la victime ou dans son dos;
• comportement répétitif : les actes blessants sont répétés, de sorte que la personne qui en est victime a de plus en plus de difficulté à s’en sortir.

Les « actes » d’intimidation peuvent :

• prendre plusieurs formes – verbale, physique ou sociale;
• se manifester de plusieurs manières – en personne, au téléphone ou en ligne;
• se produire n’importe où – à l’école, dans la collectivité ou à la maison.

L’intimidation sur le Web ou la cyberintimidation désigne « l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (courriels, téléphones cellulaires, messages sous forme de texte envoyés par téléavertisseurs, sites Internet, messagerie instantanée) pour menacer physiquement, harceler verbalement ou exclure socialement une personne ou un groupe.

L’utilisation de ces technologies pour diffuser des photographies et des messages malveillants permet à l’intimidateur d’atteindre beaucoup de personnes tout en restant anonyme ». (site Web de SPPCC)

Bien que l’intimidation puisse prendre plusieurs formes, il demeure un dénominateur commun : l’intimidation suppose essentiellement l’exploitation, l’intensification et la consolidation d’un déséquilibre de pouvoir dans le contexte d’une relation. Se taquiner, se bousculer amicalement et même faire semblant de se battre ne sont pas considérés comme des actes d’intimidation lorsque les deux jeunes sont consentants.

On reconnaît également l’intimidation par les effets bouleversants qu’elle cause chez la victime. Elle entraîne notamment la colère, la frustration, la souffrance, l’impuissance et la solitude. Au fil du temps, un sentiment croissant d’impuissance et de désespoir peut prédominer.

Malheureusement, l’intimidation ne se limite pas à l’enfance et à l’adolescence. En effet, « l’intimidateur de la cour d’école » entre un jour dans le monde des adultes et fréquente des environnements de travail et autres milieux où prévalent les relations personnelles et sociales. Il ne faut surtout pas sous-estimer les coûts sociaux associés à l’intimidation.

Qu’on vive dans le désespoir ou la confrontation, subir des actes d’intimidation est éprouvant et consume énormément d’énergie mentale et émotive. Les sentiments de solitude, d’isolement et de peur sont très courants.

Les thèmes
Plus souvent qu’autrement, les messages affichés sur Internet (sur le site de Jeunesse, J’écoute) ont été rédigés par des jeunes victimes d’intimidation. Les thèmes abordés sont donc l’expression de leurs besoins. Les auteurs posent la question « Pourquoi moi? » Ils mentionnent leur « différence » pour expliquer les comportements d’intimidation. Ils communiquent leurs tentatives pour obtenir de l’aide et rapportent les effets de l’intimidation sur leur vie : la peur constante, la quête de sécurité et les effets à long terme du harcèlement incessant, qu’il soit verbal ou physique. Derrière ces thèmes se profilent les dimensions et les éléments récurrents propres aux expériences d’intimidation que vivent les jeunes d’aujourd’hui.

Pourquoi moi?
Que ce soit de manière explicite ou implicite, la question « Pourquoi moi ? » est omniprésente dans les messages reçus. Ceux qui se font intimider pendant des semaines, des mois ou des années semblent souvent perplexes devant cette situation et se demandent à voix haute comment ils en sont arrivés à mériter un tel traitement. Pour certains, derrière la perplexité et la frustration qui accompagnent la question « Pourquoi moi? » se cachent une propension au doute et une diminution graduelle de la confiance en soi.

À travers le regard des autres
Plusieurs messages mentionnent la notion de « différence » et le rôle qu’elle joue dans l’intimidation. Les jeunes sont ciblés et harcelés verbalement et physiquement pour un nombre infini de différences perçues, telles que l’apparence, le style vestimentaire, les aptitudes à l’école et l’orientation sexuelle apparente.

Les réactions fréquentes devant l’intimidation :
Les tentatives pour avoir l’air fort et ne pas paraître affecté par le harcèlement ou, au contraire, la tendance à croire au message de victimisation. Dans certains cas, les jeunes essaient de réagir au harcèlement en « corrigeant » la différence. Et il y a ceux qui semblent reconnaître et accepter leur caractère unique; ils ne ressentent pas le besoin de changer pour les autres. Toutefois, l’acharnement des intimidateurs entraîne quand même une grande détresse.

Un véritable sentiment de peur se discerne dans plusieurs messages adressés à Jeunesse, J’écoute. Dans certains cas, il y a menace de violence physique. Dans d’autres, la menace s’est transformée en réalité. D’autres encore craignent des représailles. La simple idée de dénoncer les intimidateurs fait peur également. Les jeunes semblent croire que la dénonciation ne peut qu’empirer les choses et provoquer des représailles.

Amis ou ennemis?
Ce qui ressort aussi des messages, c’est la complexité et la fragilité des amitiés au cours de l’enfance et de l’adolescence, qui témoignent des questions de confiance et de trahison. Il semble que des « amis » peuvent devenir des intimidateurs. À d’autres occasions, les amis agissent en ami seulement lorsqu’ils ne sont pas en présence d’intimidateurs. Les intimidateurs peuvent donc exercer leur influence sur la victime comme sur les « spectateurs ». Mais parfois, les amis agissent en véritable ami et essaient d’aider.

Nulle part où se réfugier
Ce n’est pas étonnant que l’école soit le milieu de prédilection de l’intimidation, puisque c’est là où tous les enfants se retrouvent. Il n’est donc pas surprenant que les victimes d’intimidation essaient d’éviter l’école pour échapper à l’intimidation. Malheureusement, avec l’avènement du courrier électronique et des messageries instantanées, de plus en plus de jeunes sont confrontés constamment à la menace du harcèlement, peu importe où ils se trouvent. La maison n’est plus un refuge. La cyberintimidation peut frapper n’importe où, n’importe quand. À l’ère de l’information, l’intimidation peut devenir incessante; les commentaires précédents sont éloquents sur ses conséquences. Les répercussions sont importantes. Les relations interpersonnelles, la dynamique familiale et la capacité de faire face à l’école peuvent en souffrir.

Que faire? À qui en parler?
Certains jeunes craignent que la dénonciation d’un intimidateur entraîne des représailles, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle les jeunes victimes d’intimidation hésitent à parler de leurs expériences aux adultes. Il semblerait que demander de l’aide à un adulte ne garantisse nullement que la situation va s’améliorer. En effet, les jeunes considèrent que les conseils et les interventions des adultes sont souvent inefficaces. Il arrive que les conseils donnés par les adultes semblent minimiser la gravité de la situation. Les jeunes peuvent avoir l’impression de passer pour des pleurnichards, de ne pas avoir été vraiment écoutés, ou que leur problème n’a pas été saisi dans toute son ampleur. Parfois, les jeunes trouvent que les conseils qu’on leur offre ne sont tout simplement pas réalistes. Il arrive que des adultes interviennent directement auprès des intimidateurs, mais dans de nombreux cas, leur intervention est source de déception et de désarroi au lieu de mettre un terme à l’intimidation. Au bout du compte, cela peut entraîner une grande frustration. Certains ont l’impression que quoi qu’ils fassent, ils ont tort; la victime finit par se sentir blâmée et ne voit aucun moyen de s’en sortir. Finalement, il y a ceux qui semblent souffrir en silence, sans faire appel aux adultes.

Il faut que ça cesse
L’intimidation peut ruiner la vie d’un jeune. L’expression « se faire intimider à mort » est plus qu’une figure de style; pour certains jeunes, elle prend malheureusement un sens littéral.
Tout ce qu’ils souhaitent, c’est que quelqu’un y mette fin.
Les victimes d’intimidation ne sont pas assurées de s’en remettre complètement. Certaines en garderont des séquelles profondes et permanentes.

Au cours des dernières années, le sujet d’intimidation a fait couler beaucoup d’encre au Canada. De nombreuses mesures ont été mises en oeuvre pour lutter contre la hausse de l’intimidation chez les jeunes. Toutefois, les jeunes cherchent encore désespérément des solutions pour mettre fin à l’intimidation. Ils disent que les adultes qui les entourent, notamment leurs parents, les enseignants et les membres de leur famille ne leur donnent pas l’appui dont ils ont besoin. Les conseils qu’ils reçoivent ne règlent pas leur problème. Les jeunes victimes d’intimidation veulent de l’aide car ils se sentent très seuls face à ce problème.
Pour la victime, l’intimidateur ou le témoin, l’intimidation accapare leur énergie et change leur vie. Leurs efforts pour trouver de l’aide sont souvent empreints d’anxiété et de vive inquiétude.

Bien que chaque expérience soit unique, l’histoire de l’intimidation est sensiblement toujours la même. Et c’est une histoire à laquelle il faut mettre fin.

Pour plus de renseignements sur l’intimidation ou pour obtenir de l’aide : www.jeunessejecoute.ca et par téléphone : 1-800-668-6868 ou Texte au 686868

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