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Chronique

La population montréalaise a donné, lors des élections municipales du 5 novembre dernier, un mandat majoritaire à Valérie Plante. Projet Montréal a pris des engagements importants et diversifiés en matière de lutte à l’itinérance : le plan d’intervention proposé devrait comprendre un soutien accru aux ressources du centre-ville et le développement d’interventions par le biais d’unités mobiles, de même que des investissements additionnels dans les centres de jour.

Dans le programme du parti, on retrouve aussi la nécessité d’intervenir à l’échelle de toute la ville et de favoriser la solidarité dans chacun des quartiers montréalais, tout comme la volonté de miser sur une approche plus sociale que répressive. À ce titre, notons le développement prévu du 211, une ligne de référence sociale qui offrirait une alternative à l’utilisation du 911 pour faire face aux situations d’itinérance. Parallèlement, Projet Montréal souhaite aussi multiplier les contrats de réinsertion, qui offriraient une rémunération de 15$/heure.

En matière de logement, l’administration de Valérie Plante promet la construction de 300 nouvelles unités de logement social destinées aux personnes en situation d’itinérance ou à risque de l’être. Elle prévoit également un recensement rigoureux du parc de maisons de chambres montréalais, de façon à en favoriser en la sauvegarde. Notons cependant une omission importante : la mise à contribution essentielle de la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) dans le développement de logements sociaux pour la population itinérante. Pour atteindre ses objectifs, la nouvelle administration devra impérativement mobiliser la SHDM, qui mène déjà des actions pour favoriser l’accès à la propriété par le biais du programme Accès Condos.

Un autre élément est également absent du programme de Projet Montréal : la mise sur pied de ressources de type « wet shelters » ou « wet centers », où la consommation d’alcool est permise et supervisée. La création de ces services comptait parmi les engagements de Denis Coderre, mais rejoint aussi les demandes de plusieurs groupes communautaires qui travaillent auprès des personnes sans-abri : le fait d’avoir consommé de l’alcool, rappellent ces organismes, constitue actuellement un frein pour accéder aux ressources.

Contrer le profilage social

Les notions de droit de cité et d’aménagement inclusif sont explicitement nommées dans le programme de Projet Montréal : l’espace public, y lit-on, doit être ouvert à la circulation, à l’occupation et à la parole de toutes et tous. À ces préoccupations s’ajoute celle, tout aussi essentielle, de la lutte au profilage social.

Plusieurs engagements concernent ainsi les rapports que le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) entretient avec la population itinérante. La nouvelle administration Plante souhaite notamment réviser les règles d’engagement tire, qui ont trop souvent entraîné le décès de sans-abri en crise, et améliorer la formation des agentEs. Projet Montréal souligne aussi la nécessité pour le SPVM de faire un bilan biannuel en matière de profilage social et racial, à déposer au conseil municipal et devant la Commission de la sécurité publique.

Cet engagement fait d’ailleurs écho à aux propos des éluEs qui, suite à la consultation tenue cet été sur le bilan de l’action de la Ville en matière de profilage, ont recommandé de façon unanime que les règlements utilisés à l’endroit des sans-abri, de même que leur application, soient revus.

Les moyens d’agir

Au-delà des actions qui relèvent directement de l’administration municipale, Projet Montréal souhaite « exercer un leadership fort auprès des autres paliers de gouvernement afin que Montréal dispose en tout temps de ressources à la hauteur des besoins de la population. » Cette volonté d’obtenir les moyens d’agir est non seulement cruciale pour faire avancer la lutte à l’itinérance, mais aussi essentielle pour que Projet Montréal respecte ses engagements en matière de logement social. La Politique nationale de lutte à l’itinérance constitue d’ailleurs un cadre de référence et un outil indispensables, qui devrait guider les interventions de l’administration municipale.

La Ville est la porte-parole des besoins de la population montréalaise, tel que l’affirme la Politique de développement social adoptée en juin dernier. Lorsque l’action des autres paliers de gouvernement a pour effet d’augmenter le risque d’itinérance, il est de la responsabilité de l’administration municipale de se faire entendre. La réforme de l’aide sociale, qui pourrait condamner certains prestataires à survivre avec 404$ par mois, est une de ces décisions que la Ville se doit de contester.

En matière de lutte à l’itinérance, l’action du fédéral est incontournable : par le biais de la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI), le gouvernement Trudeau prévoit l’affectation de plus de 1,9 milliards $ au Canada entre 2019 et 2028. Il est important que ces fonds servent à prévenir et à réduire le phénomène, en suivant une approche globale qui permet de financer une diversité d’interventions, d’appuyer la réalisation de logements sociaux et de permettre d’améliorer les installations des organismes communautaires. Valérie Plante et Projet Montréal ont d’ailleurs accordé leur appui à la campagne de lettres menée par le RAPSIM sur cet enjeu, tout comme d’autres éluEs du Parti Québécois, de Québec Solidaire et du Nouveau Parti Démocratique. La nouvelle administration municipale doit continuer à porter ce même message, afin d’assurer la poursuite d’une SPLI communautaire et généraliste.

Au-delà de la reconnaissance

Au cours de la campagne électorale, les enjeux en matière de lutte à l’itinérance auront été débattus et discutés ; leur importance, au-delà des lignes de partis, est reconnue par plusieurs éluEs. Bien identifier les besoins, cependant, ne suffit pas : il est nécessaire de mettre rapidement en œuvre les actions prévues au programme. La lutte à l’itinérance doit demeurer une priorité pour la nouvelle administration. C’est avec enthousiasme que le RAPSIM souhaite poursuivre sa collaboration avec la Ville de Montréal, toujours dans le but de mieux prévenir et réduire le phénomène.

Solidairement,

Pierre Gaudreau

Directeur du RAPSIM

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