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Chronique

Monsieur le Président, je vous remercie de me donner la parole. Je remercie mon collègue d’avoir partagé son temps avec moi.

Avant de commencer à parler plus spécifiquement du projet de loi C-13, j’aimerais profiter de l’occasion qui m’est donnée pour exprimer mon profond écoeurement de tous les bâillons et des réductions de débats qu’on subit en ce moment à la Chambre des communes. On a parfois l’impression que, pour les conservateurs, la démocratie se résume à 35 jours de débat, une fois tous les quatre ans, et qu’entre les deux on pourrait bien fermer le Parlement parce qu’on n’en a vraiment pas besoin.

Dans les minutes qui me restent, je voudrais dire que ce qui me déçoit énormément des politiques et des décisions du gouvernement conservateur est l’absence de certaines notions, de certains concepts. Ma collègue a parlé tantôt de la science qui faisait partie de la réalité. Cependant, d’autres choses faisant aussi partie de la réalité sont généralement ignorées par les conservateurs dans leurs choix économiques, et ce sont l’inégalité et la pauvreté. Le ministre des Finances a réussi le tour de force de nous présenter un budget où le mot « pauvreté » n’apparaissait malheureusement pas une fois, ce qui ne signifie pas que cette réalité disparaisse pour autant.

En 2009, 3,2 millions de personnes vivaient dans la pauvreté au Canada. Comme ma collègue et voisine de gauche le rappelait, ce ne sont pas toujours des personnes qui ne travaillent pas. Ce sont parfois des personnes qui travaillent. On sait qu’avec le salaire minimum, on vit dans la pauvreté. Sur ces 3,2 millions de personnes, 634 000 enfants vivaient dans la pauvreté.

Dans un pays du G8, je trouve inacceptable qu’on laisse tomber autant de gens et qu’on ne soit pas capable de prendre soin les uns des autres.

Le Conference Board nous rappelait, il y a quelques semaines, que la croissance des inégalités au Canada était plus grande qu’aux États-Unis. On est donc sur la mauvaise pente. Les États-Unis forment une société beaucoup plus inégale que la nôtre, mais à ce rythme, et avec les politiques conservatrices néo-libérales de ce gouvernement, on va les rattraper bientôt.

L’équité ou l’égalité en soi n’est pas simplement un objectif moral et bon qu’on recherche, c’est également plus efficace.

L’été dernier, le FMI, qui n’est pourtant pas un repère de socialistes, a publié une étude sur l’inégalité, qui devrait être une lecture obligatoire pour le ministre des Finances et pour l’ensemble du gouvernement. Le FMI a conclu que plus les revenus étaient répartis équitablement, plus les périodes de croissance économique étaient longues et stables. C’est non seulement bon pour les individus qui sortent de la pauvreté, mais ça l’est aussi pour l’ensemble de notre nation, l’ensemble du pays qui va vivre des périodes de croissance plus étendues avec moins de soubresauts. C’est donc quelque chose qu’on devrait rechercher.

Une société inégalitaire est une société qui a plus de problèmes sociaux, qui vit plus de criminalité et qui a plus de maladies. En effet, la pauvreté des gens a des conséquences sur la santé, sur l’éducation, sur la productivité, sur la créativité et sur la participation citoyenne. On estime que 20 p. 100 des dépenses en santé sont dues à des facteurs socioéconomiques comme, par exemple, l’écart des revenus.

Malheureusement, ce gouvernement a choisi de donner des cadeaux aux banques et aux pétrolières, et de réduire les impôts des grandes sociétés canadiennes, alors qu’en général, elles n’en ont pas besoin. Les six grandes banques canadiennes, dans les premiers trimestres de cette année, ont réalisé 22 milliards de dollars de profits. Ce ne sont pas elles qui ont besoin d’aide, ce sont plutôt les personnes qui, chaque mois, vont chercher des paniers d’aide alimentaire parce qu’elles ont de la difficulté à payer les factures et à joindre les deux bouts. On peut apporter des solutions, et en tant que néo-démocrates nous les mettons en avant pour aider réellement les travailleurs et leurs familles, et aider réellement les gens vivant dans la pauvreté.

Je veux parler des choix de ce gouvernement pour aider des personnes qu’on doit respecter parce que ce sont celles qui ont bâti la société dans laquelle on vit et à qui on doit tout: il s’agit de nos personnes âgées.

Mon prédécesseur en a parlé. Il y a des choses à faire en ce qui concerne les régimes de retraite. J’y reviendrai, d’ailleurs. Le NPD avait suggéré de sortir de la pauvreté tous les aînés du Canada, en injectant des fonds dans le Supplément de revenu garanti. La réponse qu’on a reçue du gouvernement conservateur est nettement insuffisante. Le truc qu’il a trouvé, c’est d’essayer de créer un système parallèle. Certes, il prévoit donner 600 $ de plus par année, ou 50 $ par mois, à toute personne âgée vivant dans la pauvreté, mais il faut savoir qu’il a créé de nouveaux critères et de nouveaux barèmes: on a droit aux 50 $ par mois si son revenu ne dépasse pas 2 000 $ par année. À partir de 2 000 $ par année, les 50 $ par mois diminuent jusqu’à ce qu’on arrive à presque rien, comme quatre ou cinq dollars. On ne sait pas vraiment à qui ça va pouvoir profiter. Ce n’est pas comme ça qu’on prend des mesures concrètes pour aider les gens.

Il y a tant de choses à faire et tant de problèmes à régler. Il y a tant de personnes vivant des situations problématiques, que cela touche la santé ou l’accessibilité à l’éducation postsecondaire.

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Ce gouvernement décide de scier la branche sur laquelle il est lui-même assis ou décide de creuser le trou du déficit. Il nous dit que c’est un vrai problème et qu’il faut le régler. Qu’il arrête d’accorder des baisses d’impôt aux banques et aux pétrolières! Il crée lui-même le problème. Il crée une situation où il y a maintenant, au Canada, un déficit structurel et non pas conjoncturel. Pourquoi se priver volontairement de revenus? On a l’impression que les conservateurs dirigent un État qu’ils détestent fondamentalement. Toutes leurs tentatives sont faites pour ratatiner les programmes sociaux et l’État, sauf en ce qui concerne la défense et les prisons, évidemment.

Que pourrait-on faire avec cet argent dont on se prive volontairement, ou dont les conservateurs se privent volontairement? On pourrait rétablir les investissements en logement social. En ce moment, le gouvernement est à peu près absent au niveau du logement social et abordable au Canada, et c’est ainsi depuis des années. Cela crée des situations extrêmement difficiles et inacceptables pour les gens. Dans la seule circonscription que j’ai l’honneur de représenter, Rosemont—La Petite-Patrie, 2 000 personnes sont sur une liste d’attente pour accéder à un logement social et 5 500 ménages dépensent plus de 50 p. 100 de leur revenu pour se loger.

Ce n’est pas ainsi qu’on bâtit une société juste, forte et équitable. Ces gens ont des problèmes quotidiens. Ils sont incapables de payer leurs factures. Cela crée de très grandes tensions dans les couples, les familles et pour les individus qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Que fait le gouvernement conservateur? Il leur donne des crédits d’impôt qui sont inutiles lorsqu’on ne paye pas d’impôt. C’est le fun de dire qu’on offre des crédits d’impôt pour les jeunes, les activités sportives, les accès à ceci et à cela, mais encore faut-il payer assez d’impôt pour y avoir droit. Encore une fois, on va aider des gens, mais ce ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin. Il faut le rappeler.

Comment se fait-il également que 1,4 million de personnes sont officiellement à la recherche d’un emploi au Canada et n’en ont pas. Ce chiffre augmente. On a vu que, le mois dernier, on a encore perdu 72 000 emplois. La moitié des gens qui cotisent à la caisse d’assurance-emploi n’y ont pas accès une fois qu’ils perdent leur emploi parce qu’ils n’ont pas travaillé assez d’heures. Alors, on leur impose une taxe, une assurance, mais ils n’ont pas droit aux réclamations de l’assurance quand ils sont dans la situation où ils pourraient les demander. Au NPD, nous préconisons le rétablissement d’un plus grand accès à l’assurance-emploi. Le gouvernement aidera ainsi concrètement et réellement le monde dans la vie.

L’investissement dans les infrastructures fait défaut. Évidemment, on se fait rabâcher les oreilles avec le Plan d’action économique du Canada, mais il faut aussi se rappeler que s’il n’y avait pas eu la menace de la coalition, il n’y aurait jamais eu ce plan. Ces idées venaient de ce côté-ci de la Chambre. Or on a mis fin à ce plan et on n’a pas comblé tout le retard. La Fédération canadienne des municipalités évalue à 123 milliards de dollars le déficit des infrastructures au pays. Cela nous donne des choses comme des viaducs qui tombent et des ponts Champlain en difficulté. Cela veut dire qu’on a laissé tomber en décrépitude nos infrastructures essentielles: nos ponts, nos autoroutes, les systèmes d’eau et les aqueducs. Cela crée des problèmes et, ensuite, on devra payer la note. Il faut réinvestir dans les infrastructures.

Il faut réinvestir en recherche et développement également parce que c’est l’avenir et, en ce domaine, le Canada est un cancre parmi les pays de l’OCDE. C’est ainsi qu’on sera capable de stimuler l’économie et d’avoir de bons emplois.

Je peux donner un autre exemple. Que pourrait-on faire d’autre pour aider les gens? Quelle orientation pourrait-on prendre? Pensons au coût des médicaments. Durant la dernière année, on estime que trois millions de Canadiens n’ont pas pris les médicaments dont ils avaient besoin parce qu’ils étaient incapables de les payer. C’est inacceptable. C’est pourquoi ces gens continuent d’être malades, et davantage encore par la suite. Par la suite, ils deviennent un fardeau pour le système de santé parce qu’ils n’avaient pas les moyens de se soigner eux-mêmes. Au Québec, l’assurance médicaments existe. C’est un bel exemple, pour nous, au NPD. On pourrait avoir du fédéralisme asymétrique pour que le Québec conserve son assurance médicaments publique tout en en créant une également au niveau pancanadien et au niveau fédéral.

Il y a beaucoup d’autres choses, comme l’endettement des ménages par exemple. On ne fait rien pour baisser les intérêts sur les cartes de crédit ou les frais aux guichets automatiques. Les deux tiers des travailleurs au pays n’ont pas de programmes de régime de retraite avec leur employeur. Il faut bonifier les régimes de retraite publics, il faut les doubler. On est d’accord avec cette manière de faire parce que c’est la façon la plus efficace. C’est ce qui aidera le plus les gens une fois qu’ils auront pris leur retraite, lorsqu’ils auront quitté la vie active, la vie au travail. On pourrait aussi parler de connexion Internet dans les régions ou d’énergies renouvelables. Il y a une foule de choses dans lesquelles le gouvernement fédéral devrait investir, comme le transport vert, les TGV ou les monorails électriques.

Il y a tellement de choses à faire et, malheureusement, la seule réponse de ce gouvernement reste encore et toujours des baisses de taxes et d’impôt. Cela ne fonctionne pas. Ce n’est pas comme cela qu’on va s’entraider et créer une société juste et équitable.

l'élu

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