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À la veille du dépôt des budgets des gouvernements fédéral et provincial, le Chantier de l’économie sociale réclame un meilleur soutien pour ces entreprises qui poursuivent rentabilité et mission sociale.

« Des décisions importantes seront prises sur le budget au cours des prochains jours. Les gouvernements doivent reconnaître l’importance des entreprises collectives pour répondre aux défis environnementaux, culturels et humains », a souligné la présidente du Chantier de l’économie sociale, Nancy Neamtan, lors d’un point de presse qui s’est tenu le 11 mars dernier au cinéma Beaubien.

Les discussions avec le cabinet de Paul Martin vont bon train, signe des bonnes relations entretenues entre le ministre du Canada et les défenseurs de l’économie sociale. Lors de la course à la chefferie, le candidat à la succession de Jean Chrétien avait d’ailleurs profité d’un forum organisé par le Chantier de l’économie sociale pour lancer officiellement sa campagne.

Depuis qu’il a accédé au poste de premier ministre, le député de Lasalle-Émard a multiplié les promesses envers ce secteur non traditionnel. Dans son discours du Trône, en février dernier, Paul Martin a assuré les entreprises collectives de son soutien. Allant plus loin dans ses engagements, il a précisé que les entreprises d’économie sociale auraient dorénavant accès aux programmes dédiés aux petites entreprises, une première au Canada. Il a également profité de l’occasion pour nommer une secrétaire parlementaire responsable de ce dossier au Conseil des ministres

Un soulagement pour Nancy Neamtan qui a longtemps interpellé l’ex-ministre des Finances à ce sujet. Avant de présider le Chantier, mis sur pied en 1996 à la suite du sommet socio-économique du Québec, elle a également dirigé le Regroupement pour la relance économique et sociale du Sud-Ouest (RÉSO). « Nous souhaitons maintenant que le budget du 23 mars traduise cette ouverture en engagements concrets », a toutefois souligné la présidente.

Entre l’espoir et le doute

C’est au palier provincial que les négociations semblent faire du surplace. Alors que le ministre des Finances, Yves Séguin, a souligné son appui à l’économie sociale, le Conseil du Trésor hésite à s’engager sur cette voie. « Nous sommes entre l’espoir et le doute. Alors, que le fédéral se réveille ! Il ne faudrait pas que Québec recule », mentionne la présidente qui craint que l’économie sociale ne soit éclipsée au profit de la réingienérie de l’état. Alors qu’ils ont sollicité une rencontre avec Jean Charest, les acteurs de l’économie sociale n’ont pas réussi à obtenir de rendez-vous.

Si les revendications du chantier restent lettre morte, l’économie sociale risque de perdre des plumes au cours des prochains mois, s’inquiètent les représentants. Déjà, une série de mesures ont affecté ces organismes sans but lucratif (OSBL), comme la fin du programme de Fonds de lutte à la pauvreté, qui permettait l’embauche de prestataires de la sécurité du revenu aux frais du gouvernement.

La transformation des Centres locaux de développement (CLD), qui deviendront Conférences des élus, risque aussi de faire mal à l’entrepreneuriat collectif, comme le mentionne Anne-Marie Brunelle, coordonnatrice du magazine Recto Verso et représentante des entreprises d’économie sociale de Montréal. « Une des mesures les plus structurantes à être en place est le fond dédié dans les CLD. Les futures Conférences des élus auront le mandat de développer l’économie sociale, sans fonds dédiés. » Les 16 M $ réservés à ce type de projet chaque année risquent donc d’être dilués au profit des entreprises privées.

12,4 M $ investis dans l’économie sociale

Une pierre d’assise pour l’économie sociale, puisque de 1998 à 2003, les huit CDEC mandataires du CLD de Montréal ont investi pas moins de 12,4 M$ par le biais du Fonds d’économie sociale. Cet investissement a permis de générer 65,7 M$ d’autofinancement dans quelque 180 entreprises et la création ou le maintien de 746 emplois. Dans l’est de Montréal, la CDEST a pour sa part injecté 413 000 $ au sein d’entreprises d’économie sociale de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve l’an dernier. Dans Rosemont–La Petite-Patrie, 21 des 23 entreprises d’économie sociale soutenues depuis 1998 par la CDEC locale sont encore en activités, soit 91 %. Ce secteur emploie aujourd’hui 97 personnes dans l’arrondissement.

Peu importe l’issue des négociations, Nancy Neamtan se fait toutefois rassurante à ce sujet. « Nos entreprises ont des taux de survie plus élevés que ceux qui émergent de l’initiative privée. Je crois que les gens vont continuer à ramer. » Si les revendications portées par les acteurs de l’économie sociale ne trouvent pas écho dans le budget Séguin, qui devrait être déposé le 30 mars, les nouveaux projets des entreprises collectives risquent de demeurer sur la glace.

Le Chantier réclame donc que de nouvelles sommes soient ajoutées pour créer de nouveaux outils de capitalisation des entreprises, qui permettent à la fois au privé d’ajouter sa contribution et aux entreprises collectives d’augmenter leurs avoirs. Ces montants permettraient d’investir en priorité dans le secteur du développement de nouvelles parts de marchés ou de nouveaux produits.

Plus de 5000 emplois

La conférence de presse s’est déroulée dans un endroit tout désigné pour l’économie sociale : le cinéma Beaubien. Alors que la compagnie autrefois propriétaire du cinéma de quartier menaçait de fermer l’établissement, la CDEC Rosemont – Petite-Patrie, des partenaires communautaires et des citoyens l’ont sauvé de la fermeture. Aujourd’hui géré par une corporation sans but lucratif, l’ancien Dauphin permet au cinéma francophone de prendre l’affiche dans l’est de Montréal, en plus d’organiser plusieurs activités spéciales, comme un festival de films pour enfants.

C’est le pari que fait l’économie sociale : encourager l’entrepreneuriat sans balayer la mission sociale. À Montréal seulement, plus de 200 entreprises portent ce label, allant des Centres de la petite enfance (CPE) aux entreprises d’insertion en passant par les Ressourceries et les coopératives. Sur l’île, elles fournissent du travail à plus de 5 000 citoyens, en plus des quelque 3 000 personnes qui transitent dans les entreprises d’insertion. Anne-Marie Tremblay – le 15 mars 2004

Sur le photo : Les entreprises d’insertion comme SOS Vélo sont partie prenante de ce qu’on appelle l’économie sociale.

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