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Chronique

La nature, c’est plate

Jouer dehors, c’est ronflant. Mais acheter des bébelles au magasin, ça, c’est pas mal excitant!
Ou du moins, c’est ce qu’a véhiculé Toys « R » Us dans le temps des Fêtes avec une publicité mettant en scène des enfants en route vers une classe verte. Des enfants baillant d’ennui.
On les voit dans un autobus scolaire arborant le lettrage de « La fondation à la rencontre des arbres », sans curiosité ni sourire, mortifiés devant un animateur qui tente de leur apprendre la taxinomie des plantes.

Puis soudainement, tel un Superman du joujou, le moniteur enlève son costume drabe de garde forestier pour révéler un superbe uniforme rouge de… vendeur de Toys « R » Us.
Et les enfants de ca-po-ter. Hystériques.
Sur le bord de l’apoplexie en apprenant qu’ils s’en vont réellement visiter le « Costco du jouet »…

Beau message. Belle valeur. Belle jeunesse à qui l’on a retiré toute envie de la découverte en plein air.

Mais bon, je ne vous raconte pas tout cela pour vous décourager en ce début d’année. Au contraire, je vous raconte l’histoire de cette pub et de son message pour son grand mérite : avoir fait réagir.

Le Sierra Club a en effet exigé le retrait de la publicité. L’émission Colbert Report l’a ridiculisée. Forbes a fait un long texte sur la réaction de dégoûts des mères et des blogueuses. La North American Association For Environmental Education a publié une lettre ouverte incendiaire. De nombreuses pétitions en ligne ont été lancées.
Tout cela pour dénoncer le fait qu’on présente la nature comme quelque chose de plate.
Wow.

C’est moi, ou une telle réaction n’aurait pas été possible il y a quelques années encore? La pub envoie certes un message sur l’époque et les tendances, mais se pourrait-il que le message qu’envoie la réaction à la pub soit plus fort et significatif encore?
C’est mon impression, en tout cas. Aux États-Unis, au Canada et au Québec, il y a depuis quelque temps une prise de conscience des autorités qui, enfin, s’attaquent au « décrochage nature » en l’abordant pour ce qu’il est : un véritable problème de santé publique que les études lient de plus en plus à l’agitation des enfants.

Le Québec a adopté ces derniers mois de nouvelles orientations en matière de diversité biologique qui reconnaissent les bénéfices du contact avec la nature. L’Ontario a adopté une « Charte du plein air pour les enfants ». Et au cours des prochains mois, un sommet international aura lieu à Toronto sur « la crise croissante de l’inactivité chez les enfants », tandis qu’un sommet sur l’activité physique aura lieu en mai à Montréal où le jeu extérieur sera abordé.

Plus encore, sous l’impulsion des fondations Bronfman et Suzuki, une foule d’activités sont en gestation pour le printemps prochain dans la région métropolitaine et ailleurs dans la province, dans le cadre des futures « journées de la nature ».

À l’image des « journées de la culture », ces événements à grand déploiement visent notamment à faire découvrir la diversité biologique de son milieu de vie, que ce soit sa cour, son quartier, sa ville ou sa région.

On tentera ainsi de sensibiliser la population, particulièrement les enfants, aux bienfaits physiques, psychologiques et sociaux du contact régulier avec la nature. On tentera aussi, par le fait même, d’augmenter les connaissances sur la nature et la biodiversité.

À la bonne heure! Car il s’agit de la seule façon de susciter chez les enfants ce que la pionnière du mouvement écologiste, Rachel Carson, qualifiait de « sense of wonder », un sentiment de bien-être et d’émerveillement… qu’aucun jouet ne peut donner.

François Cardinal
janvier 2014

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