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Depuis un peu plus d’une trentaine d’années, nous assistons à une augmentation du nombre de divorces et de séparations. Socialement, le divorce est de moins en moins mal perçu et c’est là une des explications à l’intensification des séparations. Malgré cela, il n’en reste pas moins que c’est une étape douloureuse et pénible. Il n’y a pas de recette à la séparation, elle est parfois un mal nécessaire. Dans cet article, il sera davantage question d’aborder la séparation face à un conjoint, autant l’homme que la femme, atteint de maladie mentale.

Quelle que soit la cause de l’échec d’une relation, il est important de ne pas négliger les émotions qui vont en découler telles que : la colère, la tristesse, la souffrance, la solitude, l’angoisse face à l’avenir, la confusion et la honte. Toutes ces émotions seront vécues d’une part comme de l’autre mais elles le seront de manière et d’intensité différentes. Vous avez sans doute déjà ressenti la plupart de ces émotions, dans divers contextes, mais imaginez-vous les vivre dans le cadre d’une séparation, en plus d’être atteint d’une dépression, du trouble bipolaire ou d’un trouble de la personnalité limite… ce n’est pas simple.

Lors de la séparation, la personne qui quitte a généralement une longueur d’avance puisqu’elle a réfléchi à sa décision, elle a déjà fait un bout de chemin, tandis que pour l’autre, c’est le choc! Le choc est d’autant plus terrible si la personne laissée est déjà dans une période difficile ou précaire. La personne laissée peut autant être celle qui est atteinte d’une maladie mentale que celle qui ne l’est pas.

Il n’est jamais facile d’arriver à prendre une telle décision et plusieurs facteurs sont à prendre en considération, la maladie mentale faisant partie de ceux-là. En effet, ce n’est pas une mince tâche que d’être le proche d’une personne atteinte. Dans les périodes plus difficiles de la maladie, plusieurs éléments du couple peuvent en prendre un coup.

La fidélité et la confiance peuvent être ébranlées. Dans la maladie, certaines choses peuvent être cachées d’un côté comme de l’autre. Par exemple, on peut éviter de dire à notre conjoint que le plus jeune a eu des problèmes à l’école pour lui éviter de vivre trop d’émotions ou parce que l’on sait qu’il va s’emporter. Dans certaines maladies ou troubles, l’hypersexualisation peut être présente durant certaines phases et cela peut amener des difficultés supplémentaires dans le couple. Ce désir accru de sexualité ou de fantaisies ne peut pas toujours être satisfait par l’autre partenaire (pour diverses raisons) et il arrive qu’une des deux personnes soit infidèle. Attention! La maladie mentale ou un trouble de personnalité n’est pas une excuse à l’infidélité ou au mensonge mais cela peut être un indicateur que quelque chose ne va pas dans le couple en lien avec la maladie ou le trouble. Ce manque de confiance, ces cachettes ou tromperies amènent le couple à se distancier peu à peu et en bout de ligne, c’est la rupture.

Plusieurs sphères dans le couple changent lorsqu’un des partenaires est atteint de maladie mentale. Il arrive que la communication soit plus difficile; la personne ne perçoit pas nos messages comme nous le souhaiterions ou elle ne répond presque plus à nos besoins. Il est important de persévérer mais pas à n’importe quel prix. Par moments, la communication avec votre conjoint atteint peut vous sembler inutile, voire même impossible. Il est possible que vous en veniez à ne plus vouloir communiquer avec votre proche atteint et cela peut se répercuter dans différentes sphères de votre couple. Lorsque nous en sommes rendus à la séparation, c’est généralement parce que cette communication s’est perdue. Il est possible que l’annonce d’une rupture n’arrange pas les choses et obtenir l’aide d’un médiateur ou d’un thérapeute est souhaitable.

Lorsque la relation se dégrade, il est normal de vivre plusieurs émotions et de ressentir des changements de tous genres. Il est possible que votre relation devienne un poids, une lourdeur et que vous en veniez à vous éloigner afin de vous protéger. Il est possible de ressentir une envie d’être ailleurs car lorsque vous êtes avec la personne atteinte, vous vous sentez constamment le partenaire responsable de tout, celui qui doit être solide et qui doit faire face aux évènements du quotidien. Toutes ces traces peuvent amener des problèmes de santé tels la fatigue, une baisse de désir sexuel, de l’irritabilité et encore beaucoup d’autres. Avec un proche atteint, la vie quotidienne n’est pas toujours facile et songer à la séparation amène son lot de culpabilité.

La culpabilité peut être d’autant plus grande si vous avez des enfants et qu’ils sont déjà ébranlés par la situation qu’a amenée la maladie. Par moments, il peut vous arriver de penser qu’il est préférable de rester dans une relation pour le bien des enfants ou parce que ça vous semble plus simple ainsi. La séparation n’est pas une décision que l’on prend à la légère mais lorsque l’on y réfléchit, c’est généralement parce que la vie de couple bat de l’aile. Il est parfois mieux de subir une tempête que de naviguer continuellement en eaux troubles. Il est important, dans la séparation, de maintenir un certain équilibre, une certaine routine, et ce, autant pour les enfants que pour vous. Il est donc primordial pour les enfants de leur faire vivre un seul « changement » à la fois. S’il y a séparation, mieux vaut laisser les enfants à la même école, qu’ils fassent les mêmes activités, qu’ils continuent de voir leurs amis. De plus, il n’est pas souhaitable de cacher la séparation aux enfants. Il faut simplement leur expliquer dans des mots simples et clairs, leur préciser que ce n’est pas de leur faute, que papa et maman ne s’aiment plus. Les enfants ne doivent surtout pas être témoins de chicanes, d’insultes ou de discussions d’adultes; il est préférable d’aller ailleurs qu’à la maison ou d’attendre qu’ils soient couchés. Une fois la séparation faite, il est souhaitable de maintenir des activités plaisantes avec les deux parents et il est essentiel pour le bien-être des enfants que les parents ne disent pas du mal l’un de l’autre ou que les enfants ne soient pas incités à avoir un parti pris.

Certaines personnes sont portées à croire que le temps arrange les choses. Malheureusement, ce n’est pas le cas, mais par moments, il est bien de laisser retomber la poussière. Dans la maladie, il est nécessaire de se donner du temps; le rétablissement ne se fait pas du jour au lendemain. Lorsque la situation ne va pas depuis un certain moment ou que la personne atteinte ne va pas chercher d’aide, il peut être utile de se fixer une limite puisque le temps à lui seul ne guérira pas la personne atteinte. Dans certaines maladies, la personne en rétablissement peut avoir besoin de plusieurs semaines afin que la médication fasse pleinement effet. De plus, lorsque la personne atteinte demande des soins, il est possible qu’elle soit confrontée à un certain temps d’attente et n’oublions pas que, quel que soit le traitement, le résultat n’est pas instantané. Il n’en tient qu’à vous de décider quel délai est raisonnable.

Lorsque nous faisons face à une personne qui souffre d’une maladie mentale, nous sommes portés à croire que de l’aimer davantage va l’aider, mais nous commettons une erreur. L’amour ne guérit pas tout et il n’est pas suffisant à lui seul. On peut se dire que notre amour va changer l’autre mais rappelons-nous que le changement est toujours plus solide et durable si on le fait pour soi-même. Cependant, en aimant l’autre personne, on peut lui donner envie d’être heureuse, de profiter de la vie et cela est beaucoup plus motivant. Cet amour peut s’être épuisé au fil du temps, à force d’avoir tant donné en espérant que l’autre change. L’amour peut continuer de survivre au sein du couple mais il vient un temps où l’amour-propre prend les devants et vous devez vous choisir pour être heureux, pour réaliser vos rêves, pour vous respecter ou pour toutes autres raisons.

Il ne faut pas oublier que la personne la plus importante à sauver, ce n’est pas l’autre, mais vous!

Marie-Eve Landreville

Pour plus d’informations consultez le site d’ALPABEM:

www.alpabem.qc.ca


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