Départ de Dominique Ollivier à la présidence de l’OCPM
Nommée commissaire ad hoc à l’Office de consultation publique de Montréal en 2009, puis présidente en 2014, j’ai été en mesure depuis plus d’une décennie de voir se transformer notre ville, de contribuer à la transformation des processus de consultation, d’assister à la montée en puissance des compétences citoyennes et de leur désir de participer. Durant ce temps, j’ai été aux premières loges pour voir se déployer plus de 80 projets qui ont mobilisé des dizaines de milliers de Montréalaises et Montréalais sur des sujets allant de la planification urbaine à l’élaboration de politiques publiques, en passant par des thématiques plus sensibles comme la discrimination et le racisme systémiques dans les compétences de la Ville.
J’ai pu constater combien notre travail permettait de construire des débats publics de qualité sereins et fructueux. Je suis convaincue que tous ces exercices de délibérations collectives ont permis à notre classe politique de prendre de meilleures décisions, aux promoteurs de réaliser de meilleurs projets et aux citoyens d’avoir leur mot à dire sur les éléments qui façonnent leur milieu de vie. C’est là une responsabilité importante que j’ai embrassée pleinement et qui m’a procuré de grandes joies.
Mais, parfois le destin frappe à votre porte alors que vous ne vous y attendiez pas. C’est donc avec une pointe de regret que je vous annonce aujourd’hui que, pour des raisons personnelles, je quitterai vendredi prochain mes fonctions de présidente de ce joyau de la démocratie montréalaise. Cet ultime message que je vous adresse se veut un peu le bilan de mon passage parmi vous.
J’ai hérité en 2014 d’une organisation solide qui comptait déjà 12 ans de pratiques exemplaires. Vous me permettrez, pour cela, de saluer mes prédécesseurs, le regretté Jean-François Viau, premier président de l’OCPM et Louise Roy, pour leur vision.
Avec la même préoccupation d’ouverture au plus grand nombre possible de personnes, animée du désir de préserver la transparence et la crédibilité des processus, de favoriser l’équité de traitement des points de vue, mon équipe et moi n’avons ménagé aucun effort pour faire évoluer nos méthodes tout en maintenant la rigueur de l’analyse. Durant sept ans, nous avons remis en question nos méthodes pour les rendre plus inclusives et pour joindre de nouveaux publics; nous avons expérimenté des processus de collaboration et de cocréation; nous avons formé des fonctionnaires et des élus municipaux pour mieux conjuguer démocratie participative et démocratie représentative; nous avons adopté des attitudes réflexives pour mesurer nos avancées et pour formaliser nos intuitions.
Les résultats ont été au rendez-vous. Pour lever les barrières à la participation, nous avons multiplié les moyens pour la population de faire entendre sa voix, partagé nos bonnes pratiques et fait rayonner l’OCPM à travers le monde. Les partenariats de formation que nous avions conclus avec des organismes internationaux comme l’OCDE, les conférences internationales, notre présence dans les universités montréalaises, notre membership actif dans les réseaux de participation citoyenne, nous ont à la fois nourri et mis en posture d’innovation.
Durant la dernière année et demie, à travers pandémie et confinement, nous nous sommes attelés à transposer dans l’espace virtuel les meilleurs attributs de l’OCPM pour que les décisions ne se prennent pas sans la contribution citoyenne. Il nous restera à tirer leçon des apprentissages faits durant cette période trouble et à déterminer, alors que notre société tente de définir une nouvelle normalité, ce qui doit rester de ces expérimentations.
Il y a encore tant et tant de choses que j’aurais souhaité faire avant de tirer ma révérence, mais c’est néanmoins avec le sentiment du devoir accompli que je passe le flambeau à l’aube du 20e anniversaire de l’OCPM. Je crois sincèrement que ma présidence se termine dans un contexte favorable au développement de l’organisation avec une portion croissante de la population qui prend part aux débats, avec une mémoire institutionnelle riche et surtout avec une mine d’information inestimable colligée depuis deux décennies et qui témoigne de l’évolution de nos aspirations collectives et de nos valeurs.
Je veux remercier les participantes et participants qui, par dizaine de milliers, donnent vie à l’OCPM. C’est pour eux que nous travaillons. Je veux réitérer mon affection et mon respect pour tous les commissaires avec lesquels j’ai eu le plaisir de travailler au cours de la dernière décennie. Toutes et tous constituent l’âme de l’Office en acceptant la responsabilité inhérente au rôle de tiers neutre, celle de trancher entre les désirs exprimés par la population, par les promoteurs de projets et le bien commun, et ce, pour mieux guider la décision publique.
Mais surtout je veux exprimer ma gratitude à l’équipe de travail formidable qui constitue, souvent dans l’ombre, la colonne vertébrale de notre organisation. Le personnel de l’OCPM a accepté de bonne grâce que je bouleverse les habitudes dans une constante recherche d’amélioration. Toutes et tous ont mis un nombre phénoménal d’heures pour assurer la réussite de nos démarches et de nos événements. Ils se sont engagés sans compter pour innover, pour mobiliser, pour formaliser, pour rassurer. Continuez votre excellent travail!
Et, finalement, vous me permettrez d’avoir une pensée toute particulière pour notre secrétaire général, Luc Doray, qui depuis la fondation de l’OCPM est non seulement notre mémoire institutionnelle, mais l’élément de calme dans la tempête, la force tranquille même dans les moments d’incertitudes. Je suis persuadée qu’une fois de plus il saura assurer une transition harmonieuse et qu’il sera, comme toujours, une aide précieuse pour la personne qui me succédera.
Ce fut un honneur et un privilège de vous côtoyer et de travailler avec vous tous et toutes. Longue vie à l’OCPM!
Dominique Ollivier
Pour la suite…
Pendant la vacance de la présidence, la gestion des affaires courantes de l’OCPM sera assurée par le secrétaire général. Cette situation s’est déjà produite en 2014 de juin à septembre. Les commissions en cours continueront les consultations dont elles ont charge, mais aucun autre dossier de consultation ne sera initié, et ce, jusqu’à la nomination d’une autre personne à la présidence.
La nomination d’une personne à la présidence doit être faite par le conseil municipal au deux tiers des voix de ses membres, pour un mandat de quatre ans. Cette nomination est faite à la suite d’un rigoureux processus de sélection. Dans les prochaines semaines, la Ville publiera un appel de candidatures en respectant les critères prévus dans la Charte de la Ville, notamment le fait de n’être ni un élu ni un fonctionnaire de la Ville. Un comité de sélection sera constitué pour examiner les candidatures reçues. Il sera formé de conseillers municipaux représentant chacun des partis politiques siégeant au conseil municipal, de représentants de la société civile et de représentants de l’administration, notamment du Service des ressources humaines. Ce comité devra faire une recommandation unanime au comité exécutif de la Ville, qui soumettra cette recommandation au conseil municipal pour finaliser la nomination.
Office de consultation publique de Montréal
1550, rue Metcalfe – Bureau 1414
Montréal (Québec) H3A 1X6
Téléphone : 514 872-3568
