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Chronique

Tout le monde connait l’expression : « Le travail, c’est la santé » mais bien souvent, on oublie de mentionner le fait que le travail soit une base fondamentale dans l’épanouissement social ! Et si le stress, le burn-out ou encore la dépression tapissent les magazines scientifiques et féminins, les sociologues et autres journalistes restent discrets quand il est question de donner la parole à ceux qui peinent à s’insérer ou évoluer dans le monde du travail.

On se pose alors la question quant au profil type de ces « exclus » mais en réalité, il serait difficile d’en dresser un sans tomber dans le stéréotype. Le gouvernement québécois s’est par ailleurs penché sur la question et a alors mobilisé des spécialistes aux vocations pluridisciplinaires (économistes, écrivains, sociologues, démographes, etc.) pour aborder cet aspect de manière plus approfondie. Selon la synthèse du rapport de La mobilisation des personnes éloignées du marché du travail publiée par Emploi Québec en 2008, il semblerait que les foyers aux faibles revenus, les personnes immigrantes, les personnes en situation d’ handicap ainsi que les décrocheurs seraient les premiers touchés par cette exclusion. Mais ne faisons pas l’erreur de tomber dans des conclusions trop hâtives, il faut bien évidemment garder en tête que les caractéristiques personnelles peuvent aussi causer du tort aux candidats comme par exemple une mauvaise prestation lors de l’entretien d’embauche!

Qui n’a jamais entendu cette phrase être prononcée : « Lui c’est un BS, il a la belle vie, il est payé à rester chez lui alors que moi je travaille ! » ? Triste analyse et pourtant, cette pensée négative est belle et bien présente ! La mesure du bien-être social, rebaptisée aide financière de dernier recours par la suite, portait en effet mal son nom! Généralement, en être bénéficiaire est plus souvent connoté à de l’assistanat au dépend de la notion fondatrice qui prône la solidarité sociale. Il faut alors se questionner sur ces stéréotypes qui entravent le devenir professionnel de certaines catégories de profils. En effet, si ces derniers existent dans notre société, il y a de fortes chances qu’on les retrouve aussi chez les recruteurs …

Atilio, 24 ans, est prestataire de l’aide sociale et participe à un programme de réinsertion socio-professionnelle au sein de l’organisme Emploi Jeunesse situé à 2 pas du métro Jarry. Lorsqu’on lui pose la question de sa condition en tant qu’individu vis-à-vis du marché du travail, il répond :

« Je me suis toujours considéré comme un québécois bien que mon éducation a été faite totalement en espagnol […] Plus tard, j’ai compris que je venais aussi d’ailleurs à partir du moment où j’ai commencé à recevoir des joke qui étaient bien trop souvent orientées sur mes origines. Je comprends maintenant que peu importe mes efforts et mon amour pour le Québec, on verra toujours que je viens d’ailleurs. Quant à mon avenir, j’ai aussi un peu peur, j’ai en effet vu les difficultés traversées par certains de mes proches sur le plan professionnel et personnel […]».

Il serait risqué de faire de ce témoignage une vérité générale, tout le monde le sait, ce n’est pas parce qu’on vient d’ailleurs que les employeurs nous tourneront le dos! Et pourtant, il est deux à trois fois plus difficile pour une minorité visible que pour un « québécois pure souche » de se trouver un emploi selon une étude réalisée par l’Institut de Recherche et d’Informations Socio-économiques (IRIS). Ainsi, une personne qui grandit et évolue avec le sentiment de ne pas avoir la même place qu’un autre dans notre société peut développer un sentiment de dévalorisation et une baisse de l’estime de soi. Ces sentiments sont nuisibles car affectent la personne à un niveau plus important qu’au niveau professionnel. Ainsi, un candidat qui ne se sent pas à la hauteur et qui sent que la société lui renvoie sa différence rencontrerait encore plus de difficultés dans son insertion professionnelle.

Prenons un autre exemple, nos chers cousins français. En théorie, pas de grande différence, nous parlons la même langue et possédons des niveaux et système de formation ressemblants. Et pourtant, nombreux français déchantent en arrivant sur le sol québécois. Beaucoup ne s’attendent pas à devoir franchir quelques étapes avant de trouver la job idéale ! Carine a accepté de nous en parler. Âgée de 28 ans, elle a été diplômée en France d’une maîtrise en marketing. Et si aujourd’hui elle gère la communication d’une entreprise spécialisée dans la distribution de produits médicaux, elle a commencé son aventure québécoise avec un travail de commis de cuisine. Et quand on lui demande sa condition en tant que jeune active vis-à-vis du marché du travail ici à Montréal, elle répond :

« Il a été très dur de se réveiller le matin pour faire quelque chose que je n’aimais pas forcément faire mais je n’avais pas le choix, les entreprises convoitées me reprochaient souvent mon manque d’expériences locales […] J’ai même remis en question mon choix de m’installer au Québec. Cela m’a beaucoup affecté sur le plan psychologique surtout que je voyais beaucoup de mes amis français dans la même situation que moi. Mais j’ai gardé espoir, j’ai continué à postuler et j’ai fini par trouver un travail stable dans mon secteur de formation et j’en suis très contente ».

Quand le candidat en recherche d’emploi constate que ses difficultés ne sont pas isolées et qu’elles concernent aussi les membres de son groupe d’appartenance, il peut plus facilement se démotiver, il pense en effet se trouver face à une certaine fatalité. Le fait de ne pas pouvoir pour X ou Y raison effectuer le travail souhaité (marché du travail bouché, surdiplômés, pas de diplôme, barrière de la langue, discrimination, etc.) est en effet également facteur de stress qui va entrainer dans la plupart des cas une perte de motivation. Cela peut dans les cas les plus extrêmes provoquer la dépression et la perte de l’estime de soi. C’est d’ailleurs ce que met en avant L’association des Médecins Psychiatres du Québec en identifiant le chômage comme principal facteur environnemental de la dépression. (Source : http://www.ampq.org).

Ainsi, on peut souligner que peu importe les raisons qui entravent l’insertion ou l’évolution professionnelle d’un sujet, le résultat lorsque les recherches d’emploi deviennent trop longues reste le même : on assiste à un sentiment de lassitude, de sentiment d’infériorité, d’inutilité dans la grande majorité des cas. Et lorsqu’on feuillète les revues scientifiques, il est rare de contempler l’épanouissement social d’une personne privée d’emploi. Et bien qu’il existe chez les chercheurs d’emploi des barrières sociétales (stéréotypes), économiques (secteurs saturés), linguistiques, etc…il faut garder en tête que la persévérance et le déterminisme aussi jouent un rôle important voire primordial dans l’obtention d’un emploi.

Ludovic Fermely
Conseiller en emploi
Emploi Jeunesse

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