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En l’espace de quelques décennies, Hochelaga puis Maisonneuve furent annexées à Montréal. Aujourd’hui, elles restent fières de leur identité culturelle et communautaire.

Le village d’Hochelaga

Au milieu du XIXe siècle, Montréal est en pleine expansion économique. Les capitaux et la main-d’œuvre affluent du reste de la province. D’abord concentrées dans le sud-ouest de l’île de Montréal, autour du canal Lachine, les usines s’étendent petit à petit vers l’est, longeant le «chemin du Roy» (la rue Notre-Dame) qui mène à Québec et entraînant avec elles de nombreuses familles ouvrières.

Le fleuve et, à partir de 1876, le chemin de fer contribuent alors à donner naissance à un important site industriel. La construction de la filature Victor Hudon, en 1874, accélère ce processus de développement

En décembre 1883, Hochelaga, en pleine expansion mais criblée de dettes, s’annexe à Montréal. Tout Hochelaga ? Non. Une poignée de grands propriétaires fonciers et d’industriels canadiens-français de l’est de la ville, refusent l’annexion et, le mois même, fondent la municipalité de Maisonneuve sur leurs terres. Ainsi nommée en l’honneur de Paul Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Ville-Marie (Montréal) en 1642, c’est un petit village de campagne où n’habitent encore que cinquante familles.

Maisonneuve ou le mythe de la «cité idéale»

Dans l’esprit de ses fondateurs, Maisonneuve doit devenir une cité modèle et un paradis pour l’industrie. Usines géantes, logements populaires et églises monumentales se multiplient, des services publics modernes sont mis sur pied (eau, gaz, électricité).

Les nouveaux maîtres de Maisonneuve se construisent, rues Adam et Lafontaine notamment, de somptueuses demeures familiales entourées de larges galeries en bois couvertes et décorées de frontons. Le boulevard Pie-IX leur est spécialement destiné.

Puis vient l’ouverture des rues Ontario et Sainte-Catherine, avec le premier tramway électrique, baptisé le «Rocket» (rien à voir avec l’autre «Rocket», Maurice Richard, célébrissime numéro 9 de l’équipe de hockey des Canadiens), qui relie la ville à Montréal.

C’est l’époque des grandes fortunes rapides et aussi celle de la misère la plus noire pour la masse des ouvriers, quelque 10 000 travailleurs du textile – dont beaucoup de femmes et d’enfants -, de la chaussure, de l’alimentation ou de la construction navale. En 1901, un menuisier gagne environ 17 cents de l’heure alors qu’une livre de beurre en coûte 24…

La fin d’un rêve

Cependant, la réussite économique est spectaculaire. Entre 1900 et 1915, grâce à une politique extrêmement favorable aux investisseurs, l’industrie manufacturière multiplie par cinq sa production et Maisonneuve se hisse au cinquième rang des villes industrielles au Canada.

Divers secteurs se développent: textile, cuir, métallurgie, alimentation, tabac, fabrication de meubles, etc. En 1910, la cité devient la capitale mondiale de la chaussure. On la surnomme la «Pittsburgh canadienne». Sous l’impulsion du maire Alexandre Michaud et des frères Oscar et Marius Dufresne, richissimes industriels locaux, de grands travaux de prestige sont lancés : l’hôtel de ville (1912), le marché public (1914), le poste de pompiers no 1 (1915), le bain public (1915), bâtiments de style Beaux-Arts d’une exceptionnelle qualité.

Mais la Première Guerre mondiale sonne le glas des rêves de grandeur et de prospérité de la «perle des banlieues». Incapable de faire face à ses créanciers et confrontée à l’effondrement des marchés immobiliers, la ville – qui compte désormais 37000 habitants – est annexée à Montréal en 1918, trente-cinq ans après sa création.

Une transition difficile

La Grande Dépression laisse Hochelaga-Maisonneuve dans une situation difficile. Avec la transformation des industries légères en industries de guerre, le conflit de 1939-1945 entraîne bien une reprise de la croissance mais celle-ci sera de courte durée. Les années 50 marquent en effet le début du déclin économique de Montréal au profit de Toronto qui réussit peu à peu à devenir le principal centre financier du pays.

Les usines et manufactures du quartier, souvent situées dans des secteurs traditionnels et dépassées technologiquement, ferment les unes après les autres sous le coup de la concurrence canadienne puis internationale. Quant aux activités portuaires, elles glissent plus à l’est, le long des nouvelles voies de communication routières. Dans les années 70, la démolition de quelque 2 000 logements pour le projet d’aménagement de l’autoroute Est-Ouest accélère l’exode de la population ouvrière. La construction du Stade olympique, pour les Jeux d’été de 1976, vient néanmoins donner une bouffée d’oxygène au quartier.

Un village dans la ville

Hochelaga-Maisonneuve se caractérise par une très grande homogénéité sociale. On continue à y vivre «en famille», c’est-à-dire dans un milieu à 90% francophone de vieille souche. Comme dans d’autres quartiers populaires de Montréal, ce sont les cloches de l’église et la sirène de l’usine qui, jusqu’à la fin des années 50, rythment la vie du «village».

La plupart des activités sociales, culturelles et économiques s’organisent autour de ces deux institutions omniprésentes que sont l’église et l’usine. Le quartier-paroisse se suffit alors à lui-même : on habite, on travaille et on s’amuse à l’intérieur de cet espace conçu pour répondre à tous les besoins. Alimenté par les luttes ouvrières, le sentiment d’appartenance y est particulièrement fort et des liens de solidarité se tissent entre résidants.

Aujourd’hui, fier de son passé et de son héritage, Hochelaga-Maisonneuve regarde résolument vers l’avenir. Son patrimoine architectural unique, fidèle reflet de la vie d’une cité ouvrière au début du siècle, sa vie communautaire intense et la chaleureuse hospitalité de sa population séduisent chaque année un nombre croissant de visiteurs.

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