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Chronique

Gabrielle – une réflexion sur le droit au bonheur

Le film Gabrielle est louangé
partout dans le monde. Gabrielle
Marion-Rivard a conquis nos univers et en fait rêver plusieurs. Louise
Archambault a créé un chef d’œuvre. La
musique est tout à fait extraordinaire et merveilleusement interprété, grâce
aux talents des artistes des Muses , de la Gang à Rambrou et de comédiens
professionnels.

Issu du monde des services
sociaux et de la réadaptation, je ne
peux qu’applaudir un tel film et de la réflexion qu’il permet. Quelle belle
leçon de Mme Archambault : elle met avec brio en relief, le droit au
bonheur! C’est simple…si simple… trop simple.

De mémoire, aucun outil
d’évaluation des besoins utilisés dans nos CRDITED et services sociaux, il y
est mentionné le besoin d’être heureux.
C’est implicite me dira-t-on! Tellement implicite qu’on en oublie de
poser la question : qu’est-ce qui te rendrait heureux ou heureuse! En croyant
qu’en répondant à ses besoins, la personne sera automatiquement heureuse…

Dans les faits, est-ce vraiment
comme cela que ça se passe ?

Dans la vie, pourquoi les gens
sont heureux ? On dira qu’ils sont heureux parce qu’ils sont appréciés par des
amis, des proches et parce qu’ils peuvent apprécier ces personnes. Parce qu’ils ont un pouvoir certain sur leur
vie en pouvant choisir ce qu’ils aiment faire ou non, parce qu’ils peuvent
anticiper les événements des jours qui suivent, parce qu’ils peuvent compter
sur du soutien de proches pour les jours plus difficiles.

On réorganise les services afin
de mieux les desservir, de mieux répondre à leurs besoins en oubliant de se
poser cette question : Seront-ils plus heureux ?

Peut-on être heureux quand on n’arrive
pas à obtenir un vrai chez soi, qu’on demeure en visite dans une ressource ou
quoi qu’on fasse on peut à tout moment être déménagé pour toutes sortes de
raison (fermeture de la ressource, urgence sociale où on doit céder notre
place, la ressource même qui décide ne plus vouloir qu’on habite chez elle, un
nouveau résident qui nous complique la vie)?

Peut-on être heureux quand on confie
sa vie à un intervenant, qu’on apprend à lui faire confiance, qu’on se sent
enfin épaulé et qu’il quitte ou est remplacé par quelqu’un d’autre avec qui on
devra réapprendre à faire confiance? Et ce,
plusieurs fois dans une année…

Peut-on être heureux quand on s’investit
dans un travail et qu’on apprend que ce travail ne sera plus disponible dans la
forme qu’on connait… et que surtout, on ne peut pas influencer sur les
décisions qui se prendront.

Peut-on être heureux quand la vie
est une succession d’événements qui obligera à s’adapter : déménagements
successifs, pertes d’activités de jours, pertes d’intervenants significatifs,
réformes qui viennent déstabiliser ce qui se construisait graduellement.

Je côtoie régulièrement des
personnes aux prises avec ce genre de situations et qui tentent au mieux de
leurs capacités à s’adapter à des nouveaux contextes… Dans le film Gabrielle,
la chanson de Charlebois, ORDINAIRE
prend tout son sens : Quand je crie,
c’est pour me défendre…

Malheureusement, à mon avis, vous ne criez pas encore assez fort. Ce qui se
passe actuellement dans le réseau de la santé et des services sociaux est inquiétant. Les coupures de budget, les
services morcelés en épisode, la hiérarchisation des services où les services
de première ligne ne sont pas au rendez-vous. Tout cela est compliqué à
comprendre par les personnes ayant une déficience intellectuelle et qui alors
abdiquent sur les services qu’elles auraient droit.

Avec Gabrielle, on ne pourra plus jamais faire abstraction de ce droit
au bonheur.

Pouvons-nous maintenant en faire
une priorité dans la réforme des services afin d’assurer une stabilité dans la
vie des personnes qui les rendra plus confortables et pourquoi pas, finalement
heureuses ?

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